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Amours plurielles, triangle amoureux, trouple, ménage à trois,… les expressions ne manquent pas pour qualifier le fait d’aimer plusieurs personnes à la fois. A ne pas confondre avec la polygamie, l’échangisme ou encore le libertinage. La distinction majeure? Chacun des protagonistes est consentant. Ces amours plurielles sont assumées et vécues dans le respect de chaque partenaire.
Le consentement mutuel : la base du polyamour
Dès lors que chacun est au courant et a accepté les conditions de ce « contrat amoureux », la notion d’adultère n’a plus lieu d’être. Ce n’est plus le fait d’avoir une relation en dehors du couple qui donne lieu à l’infidélité mais le manquement à la parole donnée. Se lancer dans le polyamour implique d’être heureux du bonheur de l’autre en acceptant qu’il le soit grâce à une tierce personne. Dans une relation polyamoureuse, le couple n’adopte aucun sentiment de colère ni de rivalité. D’un côté, les conjoints vivent de manière normale leur vie de couple mais ils se permettent de créer en parallèle de belles rencontres de manière consentie. La communication, la sincérité et l’honnêteté sont les éléments de base de ce type de relation. C’est ce qu’expérimenta le célèbre couple d’analystes Carl Gustav Jung et Emma Jung (elle même descendante des propriétaires de la marque horlogère IWC Schaffhausen).
Carl Jung entretenait une relation avec sa collaboratrice Toni Wolff. Nombreux sont ceux qui pensaient à l’époque que Carl Jung pratiquait l’adultère, or sa femme Emma avait consenti à leur relation et au fait de partager son mari avec une autre personne. Se lancer dans un polyamour, c’est savoir accepter le bonheur de l’autre. Les sentiments sont partagés puisque le couple fonctionne seulement avec l’ouverture d’esprit des différentes parties.
Du couple traditionnel au couple polyamoureux
Il y a, sur la longueur, une usure naturelle du couple. Si un couple s’est formé jeune, à 17-18 ans, il peut partager jusqu’à 70 années de vie commune!. Face au risque élevé de diminution du désir, de nombreuses alternatives s’offrent à nous aujourd’hui. Le polyamour en est une parmi d’autres. À la recherche d’une plus grande liberté, le couple traditionnel s’ouvre à d’autres opportunités d’expérimenter l’amour. Prenons l’exemple de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. En 1929, Jean-Paul Sartre propose à Simone de Beauvoir, après un an de relation, un « pacte de poly-fidélité ». Il lui propose de vivre des amours multiples tout en conservant leur relation comme la « principale ». Beauvoir accepte et il s'exclame alors : « Nous allons réinventer le couple ! ». Leur exemple marquera fortement les milieux intellectuels parisiens, même si la publication de leurs correspondances montre que cette situation fut quelquefois difficile. Ils avaient pour l’époque une façon déjà très moderne de fonctionner et avaient défini deux amours : l’amour « nécessaire » et les amours « contingentes ». Le polyamour est-il une véritable alternative au couple traditionnel ? Une incitation à penser autrement les relations sentimentales ? Une liberté si facile à accepter ? Libres, transparents et confiants, les personnes capables d’en aimer d’autres en même temps, ces déçus du couple traditionnel, tentent finalement de nouvelles règles du jeu en bousculant les schémas sur la fidélité et la jalousie : une manière de briser les conventions.
Peut-on vraiment aimer plusieurs personnes à la fois ?
C’est lors du passage à l’amour charnel que se pose la question de la possibilité de maintenir plusieurs relations à la fois. Comment peut-on être certain qu’une relation simplement « physique » n’évolue pas plus, comme cela arrive souvent ? Beaucoup de questions en suspens. Comment un homme et une femme en couple peuvent-il passer du couple fusionnel au couple « ouvert »? Pour y parvenir, mieux vaut être altruiste, désintéressé, détaché de l’amour platonicien de l’éros et se réjouir du bonheur de l’autre. C’est souvent compliqué, parce que l’on a été construit autrement. Il est également essentiel de dire les choses. Lacan soulignait que le polyamour est une parole de vérité : « je ne te mens pas, parce que je t’aime ». Il faut poser des règles très explicites afin d’éviter les incompréhensions et savoir gérer sa jalousie : accepter que l’autre aime une autre personne sans que cela n’enlève rien à soi. Une grande confiance en soi s’impose.
Enfin ce n’est pas parce que toutes les parties sont consentantes et amoureuses qu’il n’y a pas de risques de jalousie ou de perte de repères, autant d’aléas que dans un couple traditionnel finalement…
Que pensez-vous de ce genre de relation ? L’avez-vous déjà pratiquée ou la pratiquez-vous ?
Vos témoignages nous intéressent !
Photo © Fotolia – Auteur : Roman Stetsyk
Betty_Nelly, 01.08.2019