La caricature, du Moyen-Âge à nos jours

La caricature, du Moyen-Âge à nos jours

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La caricature, « ce libertinage de l'imagination » selon Diderot, tient sur un principe simple : il s'agit d'exagérer, de déformer la réalité dans le but de s'en moquer ou de dénoncer. Parmi les caricatures, on distingue les portraits à charge qui déforment l'individu pour le railler, les caricatures de situation qui attaquent les comportements de groupes humains, ou encore la satire de mœurs. Le mot caricature vient de l'italien « caricatura », littéralement « charge d'une façon exagérée » et prend son origine du latin « carricare », signifiant « lester, charger un char de poids ». La caricature dispose de différents procédés pour créer un effet comique et provocateur, entre autres l’anthropomorphisme, le zoomorphisme, la parodie etc. Petit tour d’horizon. 

 

Le XVe siècle et l’impact de l’imprimerie

A cette époque la caricature est très présente dans les sculptures extérieures et intérieures des églises. Elle l’est aussi aux marges des registres manuscrits avec des personnages grotesques ou des animaux fantastiques. Les grotesques correspondent à un type d'enluminures décoratives représentant une scène de fantaisie plus ou moins comique, sans forcément de rapport avec le texte. L'imprimerie s’est introduite en France dès 1470. A l’époque, les imprimeurs étaient souvent des libraires, installés dans les grandes villes et dans les quartiers universitaires. Outre la transmission des connaissances, l’imprimerie facilitait et accélérait la diffusion de l’information, officielle ou interdite, au travers de nombreux pamphlets et autres images satiriques.

 

Du XVIe siècle à la Révolution

La gravure était utilisée à des fins de propagande, insérée dans des pamphlets, ou dans des affiches accompagnées de textes virulents. Le roi Henri III fut d’ailleurs victime d'une campagne de caricatures avant son assassinat. Sous l'Ancien régime, les caricatures politiques étaient essentiellement produites sous forme de feuilles volantes, et exposées à la vue des passants dans les étals de marchands d'estampes, vendues à la pièce dans la rue par des crieurs et transportées clandestinement par des colporteurs. Pendant la Révolution française, sous l’influence de l’imagerie anglaise et de la brutalité des évènements, les gravures, très colorées, étaient simplifiées et plus facilement lisibles. Ce type de gravures  fut multiplié (environ mille cinq cents entre 1789 et 1792) et la demande suscitée par l'actualité fut à l'origine d'un appareil de production organisé.

 

Le XIXe siècle

Le destin de la caricature politique est désormais uni à celui de la presse, permettant de véhiculer des idées et opinions de manière détournée. Honoré Daumier ou Gustave Doré sont des caricaturistes célèbres sous la Monarchie de Juillet. Les premières planches de Daumier sont publiées dans La Silhouette, puis dans La Caricature et dans Le Charivari. (Daumier passa six mois en prison pour avoir caricaturé Louis-Philippe en Gargantua). La loi du 9 septembre 1835 rétablit la censure pour les dessins, gravures et lithographies, puis la loi du 29 juillet 1881 institue la liberté d’expression et ouvre la porte à l’accroissement d’une presse de plus en plus satiriste qui subsiste de 1901 à 1914. L’hebdomadaire l’Assiette au Beurre, à tendance anarchiste, constitue l’aboutissement de la caricature sociale et de mœurs. Les dessins y sont généralement présentés en pleine page, ce qui accentue leur charge graphique. En France, l'art de la caricature connaît son âge d'or entre la fin du XIXe siècle et la Première Guerre Mondiale. Après la Libération de 1945, le métier des caricaturistes évolue vers celui des journalistes dessinateurs de presse. Citons entre autres Jacques Faizant, puis, Plantu, Siné, Calvi.

 

Le début du XXe siècle jusqu’à nos jours

Le début du XXe siècle marque le début de la production en masse des cartes postales, qui comme le dessin de presse, est un vecteur de propagande. De nombreuses cartes postales satiriques visent à stigmatiser ou ridiculiser l’ennemi, en France comme en Allemagne, contribuant ainsi à conditionner les esprits et à favoriser l’émergence d’une « culture de guerre ». Le mouvement de mai 68 permet à une jeune génération de s'exprimer dans une presse alternative et parallèle comme Hara-kiri et Charlie-hebdo. Les caricaturistes revendiquent alors un statut de dessinateurs-journalistes. Comme les lettres et les mots qui forment phrases et sens, le dessin attend une interprétation par celui qui la voit, demandant néanmoins une certaine éducation à l’image, un esprit de critique et un sens de l’autodérision que tous ne possèdent pas assez… Internet et les réseaux sociaux en ont décuplé la force et la rapidité de diffusion. Parallèlement, les caricaturistes officient toujours, y compris dans une sphère moins politique. On les retrouve avec plaisir à Montmartre sur la Place du Tertre, ou à proximité d'autres monuments connus. Dans le domaine de l’événementiel, les caricaturistes ont toujours autant de succès, que ce soit de manière traditionnelle sur papier ou en caricature digitale. Ils interviennent sur des événements publics ou privés, lors de soirées d'entreprise, déjeuners-presse, fêtes de fin d'année, mariages, anniversaires, etc.

 

 

Que pensez-vous des caricatures en général ?

Avez-vous déjà eu l’occasion de vous faire caricaturé(e) ? ;-)

 

 

Photo © Adobe – Auteur : Igor Zakowski

Betty_Nelly, 13.01.2022