9 | 9222 Consultations
Le thème de la vie sexuelle passionne notre société. Il est intéressant, éveille notre curiosité et nous voulons en savoir toujours plus. Le sujet fait comme jamais auparavant l’objet d’études scientifiques et de débats. Passé largement la cinquantaine, à peu près les deux tiers des hommes et un tiers des femmes en France ont une activité sexuelle. Une sexualité souvent plus détendue et plus satisfaisante. Les statistiques d'une grande enquête publiée en 2007 montrent que 50 % des Américains sont encore actifs sexuellement autour de 70 ans et 25 % aux environs de 80 ans. Un peu plus pour les hommes, un peu moins pour les femmes. Oui, et ceci en dépit des difficultés «fonctionnelles» qui pertuberaient nombre de partenaires beaucoup plus jeunes.
Tour d’horizon
«Il y a incontestablement un renouveau de la sexualité chez les seniors» nous relate le Dr Florence Cour. Il y a cinq ans, des chercheurs de l'université Cornell (New York) qui enquêtaient sur la sexualité d'octogénaires, s'étaient même étonnés, au cours de leur analyse des résultats, que seule une personne interrogée sur cinquante, trouve le sujet embarrassant.
L’arrivée dans le troisième âge de la « génération 68 » est un facteur de changement conséquent. Pour la génération du baby-boom, l’épanouissement sexuel a fait partie pour la plupart du développement personnel et garde une dimension importante. La notion d’un même couple pour la vie, orchestrée par des normes religieuses et sociales, a volé en éclats depuis des décennies. Cette évolution contemporaine, en particulier dans la tranche d’âge des 60 à 70 ans a pour résultat une augmentation du nombre des séparations et des recompositions de couple.
Après veuvage ou divorces de nouveaux couples se forment plus facilement, notamment par les sites de rencontre. La femme surtout pourra conserver un désir d’activité sexuelle longtemps après la ménopause, même si bien évidemment l’image qu’elle a d’elle est altérée par rapport à celle de sa jeunesse. Il est à noter que lorsque l’on compare la satisfaction conjugale lors des remariages ou recompositions des couples à quelque âge de la vie, elle semble meilleure que dans une première vie de couple.
Accepter le changement
En fait, si l‘activité sexuelle est bien acceptée de nos jours comme une composante de la santé globale, beaucoup de médecins ont du mal à aborder ce sujet. «Dans l'inconscient de beaucoup d'entre nous, quelqu'un d'âgé n'a pas de rapports sexuels», remarque le Dr Cour, «pourtant, pour ceux qui le souhaitent, les traitements de la dysfonction érectile peuvent aider (Viagra p.e.). Même chose pour les femmes grâce au traitement hormonal local, qui peut éviter sécheresse et atrophie». Mais il n’est pas question de vouloir à tout prix médicaliser la sexualité des seniors.
Il est recommandé d‘accepter le changement pour mieux développer une sexualité différente. Encore faut-il arriver à se débarrasser des modèles imposés. «La tendance est de se référer au modèle dominant dans les sociétés occidentales: performance et consommation. Même pour les jeunes, ce modèle est nul et incite à passer à côté du plaisir, s‘insurge la sexologue canadienne Jocelyne Robert. À tous âges, les hommes ne sont pas des pantins aux érections minute et éléphantesques ni des machines distributrices d'orgasmes. Les femmes ne sont pas instruments au service de la machine. Elles ne jouissent pas non plus d'un coup ou deux de baguette magique.»
Oublier la quête de la performance
Dans Les Femmes vintage (Les Éditions de l'homme, 2012), Jocelyne Robert propose un tout autre programme: «passer du modèle de performance au modèle relationnel érotique. Un modèle dans lequel l'homme et la femme, jeune ou vieux, vont à la rencontre l'un de l'autre avec leur sexe, leur corps, leur tête, leurs émotions, leurs imperfections, leurs défaillances…», car les seniors ne manquent pas d'atouts. «Aussi étonnant que cela puisse sembler, je crois que le fait d'avoir moins de temps devant soi (en termes d'années à vivre) rend plus apte à habiter pleinement ce temps et aussi à en donner» affirme-t-elle. Et la Canadienne de détourner les inconvénients de l'âge au profit de l'épanouissement sexuel : «Être moins dans le paraître, ne plus être dans la quête de performance, retrouver le sens de la fête égaré. Le fait que l'on soit déprogrammé de la vie de fou nous rend plus disponible au jeu, au plaisir, à la sensualité.» Et pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté sur l'érotisme qu'elle revendique à tout âge, Jocelyne Robert précise encore: «Ça n'est pas parce que la mécanique est moins huilée qu'on doit se réfugier dans la stricte relation de tendresse.» Elle ne nie pas les modifications de la sexualité, elle invite simplement à ne pas se résigner : «Les hommes et les femmes plus âgés devront davantage faire appel à leur cinéma érotique intérieur (fantasmes) car l'excitation sexuelle s'installe plus lentement et la promenade allant du désir jusqu'à la détente orgasmique risque d'être plus longue».
Ce thème a souvent été abordé dans les blogs et les forums. Quelles réflexions faites-vous à la lecture de cet article ?
Photo © Fotalia - apops
Betty_Nelly, 12.05.2015