Sauvons les abeilles !

Sauvons les abeilles !

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Depuis quelques années, les apiculteurs et les associations de sauvegarde de l’environnement alertent l'opinion sur la disparition des abeilles. Ils réclament une action rapide et concrète pour enrayer ce phénomène. En quoi l’abeille est-elle si importante pour l’équilibre de la biodiversité ? Pourquoi peut-on considérer que le dépeuplement des insectes pollinisateurs représente à terme une menace pour notre propre survie ?

 

L’importance du rôle de l’abeille

Pour pouvoir se reproduire, les végétaux ont des organes masculins (étamines) et des organes féminins (pistils). Si quelques plantes se débrouillent par elles-mêmes pour leur fécondation, elles ont généralement besoin d’un agent pollinisateur. C’est l’abeille qui joue ce rôle, en butinant le pollen et le nectar dans les fleurs. Dans son travail zélé, l’ouvrière au corps recouvert de poils, accroche grâce à sa pilosité les étamines. Celles-ci se déposeront ensuite dans les pistils. Le processus de fécondation est lancé. L’abeille est donc un maillon indispensable pour la diversification et la reproduction de la flore dans le monde : grâce à elle, 80 % de la reproduction des espèces végétales est assurée sur terre. Nous dépendons de l'action de cet hyménoptère pour nous nourrir : la pollinisation contribue à 75 % de la production de la nourriture mondiale. Son rôle est donc vital. Mais sa population décline dangereusement.

 

Une disparition menaçante

Depuis plus d’une quinzaine d’années, 30 % de la population d’hyménoptères disparait annuellement rien qu'en France. Des ruches sont retrouvées vidées de leurs habitantes, sans aucune trace de cadavre autour : ce phénomène est désigné sous le nom de Colony Collapse Disorder. Les principaux responsables de cette destruction sont les pesticides qui affectent le système nerveux des hyménoptères. Malheureusement, plusieurs facteurs sont à prendre en compte : l'agriculture intensive, l'utilisation de produits phytosanitaires, l'invasion par des espèces nuisibles (l’acarien parasite Varroa, le coléoptère des ruches ou encore le frelon asiatique), les virus, les méthodes de certains apiculteurs peu scrupuleux ou encore les bouleversements climatiques. La Chine, utilisatrice à outrance des pesticides, est obligée actuellement d’employer des personnes pour remplacer les insectes pollinisateurs disparus. Mais les humains sont incapables d’effectuer le même travail que les abeilles. Pour faire face à ce déclin, des mesures à l'échelon français et européen ont été prises.

 

Quelles solutions pour éviter la catastrophe ?

Actuellement, l’avancée majeure a été d’interdire la commercialisation et l’utilisation de certains produits phytosanitaires et d’aider financièrement des apiculteurs en leur versant des aides. L’EFSA, organisme européen qui veille à la bonne santé animale et à la sécurité de l’alimentation, avait en 2013 alerté sur les effets nocifs des néonicotinoïdes sur les insectes pollinisateurs. Des restrictions d’utilisation avaient été appliquées, mais contestées en justice par deux fabricants, Bayer et Syngenta. En 2018, la justice européenne a confirmé les décisions de 2013 et trois substances sont maintenant interdites. D’autres fabrications toxiques sont néanmoins encore commercialisées. L’EFSA, chargée de l’évaluation de tous les produits, a remis un rapport confirmant leur nocivité. Depuis 6 ans, ce document est bloqué par le Scopaff (comité permanent des plantes, animaux, denrées alimentaires et aliments pour animaux) sous la pression des lobbyistes de l’industrie agrochimique. L’EFSA doit modifier son rapport selon les directives de la Commission et ne le présentera qu’en 2021, freinant les possibilités de solutions radicales. En France, la loi Labbé interdit depuis 2017 la commercialisation et la détention de produits phytosanitaires pour les collectivités et établissements publics et depuis 2019 pour les particuliers. Exit les pesticides et bienvenue au fauchage raisonné : les fleurs et autres plantes sauvages nécessaires à la vie des abeilles reviennent. Localement, la culture de plantes mellifères, des installations d'abris à insectes et de ruches se développent dans les milieux urbains. Ainsi, la ville de Paris a lancé un plan de développement « ruches et pollinisateurs » et compte à présent plus de 700 installations apicoles. Sur internet, des parrainages sont proposés pour des repeuplements de ruchers. Pour éradiquer le déclin de ces insectes, des mesures radicales doivent être rapidement prises par l'ensemble des autorités : c'est le maillon indispensable pour la sauvegarde de la biodiversité et peut-être à terme, de la nôtre.

Cette vulnérabilité des abeilles vous touche t-elle ? Prenez-vous part à des initiatives de sauvegarde de l’espèce ? Existe- t-il dans votre région des initiatives que vous trouvez particulièrement utiles et intéressantes ?

 

Photo © Fotolia – Auteur : photocaro33

 

charlotte4575, 19.06.2019