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La chance est une notion relativement vaste qui désigne un heureux hasard, un événement favorable dont nous ne connaissons pas les conditions. Lorsqu'une personne est confrontée à une situation qu'elle ne contrôle pas, cette dernière a pour issu l'échec ou la réussite… Ce facteur chance est un élément inconnu qui vient débloquer favorablement ou défavorablement une situation. Voici un petit tour d’horizon de ce que peut signifier la baraka, le pot, la veine ou encore la bonne étoile.
La chance se provoque-t-elle ?
Louis Pasteur disait : « la chance ne sourit qu’aux esprits qui sont bien préparés ». La chance - dit l’adage - sourit aux plus audacieux : soit nous saisissons l’opportunité et œuvrons à notre bonne fortune, soit nous ne la voyons pas et il ne se passe rien. Le facteur chance ne serait donc pas un pur hasard, mais le fruit d’un comportement actif et attentif. Pourtant, dans certaines situations, la chance ne découle pas d’un effort particulier de la personne concernée. C'est le cas notamment des jeux de grattage ou du casino. Ici, bien que certains aient des techniques ou superstitions, le facteur chance est le seul décisionnaire.
Saisir sa chance
Une expression dit que certaines occasions ne se présentent qu'une fois. Dire qu’une personne passe à côté de sa chance signifie qu'elle a loupé une occasion qui lui a été donné par le hasard ; si par exemple elle manque son entretien d'embauche dans l'entreprise de ses rêves, ou qu’elle prend une décision contraire à celle qui aurait pu lui être bénéfique. Prendre son destin en main pour utiliser cette chance qui s’offre à nous n’est pas donné à tout le monde. Certaines personnes, trop passives ne font rien pour « saisir » cette chance ; on peut dire alors qu'elles passent à coté. La chance existe-t-elle uniquement pour ceux qui savent l'utiliser au moment où elle se présente ? Reste à se persuader et à reconnaitre qu’il s’agit bien « de la chance de leur vie ».
Croyance, destinée, hasard, providence ?
Certains croyants associent la chance à la notion de religion. Dans ce cas, on ne parle pas vraiment de chance, mais plutôt d'une action de leurs divinités respectives en leur faveur. Une personne achète un ticket de loto, les numéros tirés sont gagnants mais cette personne a perdu son ticket… Parle-t-on alors de malchance, ou plutôt de destinée ? Beaucoup considèrent ainsi que la chance ou malchance dont ils font l’objet ne sont pas provoqués par eux-mêmes, mais par les divinités ou autres forces externes auxquelles ils croient. Le destin étant par nature inéluctable et immuable, ils se retrouvent impuissants face à ce qui leur arrive.
Distinguer ce qui dépend ou non de nous
Il importe de distinguer ce qui dépend de nous, sur quoi nous avons l’obligation d’agir, de ce qui n’est pas de notre ressort, que nous devons accepter comme tel. Qu’un malheur survienne, nous ne pouvons l’empêcher. Mais il nous appartient de décider si notre existence s’arrête là ou si nous pouvons en faire une expérience constructive… La notion de « sérendipité », développée par le romancier britannique Horace Walpole au XVIIIe siècle, s’intéresse aux erreurs susceptibles d’engendrer de grandes trouvailles. Ainsi, c’est parce qu’il s’égare de plusieurs milliers de kilomètres que Christophe Colomb trouve l’Amérique, parce qu’elle met sa tarte à l’envers dans le four qu’une des sœurs Tatin invente une succulente pâtisserie, parce qu’un échantillon oublié dans son laboratoire s’est couvert de moisissures que Fleming découvre la pénicilline. Tout cela serait-il arrivé si chacun d’eux avait voulu corriger son erreur plutôt que d’essayer de voir le positif dans le négatif ?
Le besoin de tout expliquer
« Nous avons du mal à accepter les coïncidences, reconnaît Dominique Desjeux, professeur d’anthropologie sociale. « Nous supportons mal une explication par le hasard. Nous préférons la nécessité : chercher le destin, la conspiration, le complot, l’intention, bonne ou mauvaise». Pourquoi le hasard est-il si difficile à admettre ? Car ce serait « accepter que tout ne soit pas explicable, accepter une certaine dose d’incertitude, de non-maîtrise, donc d’angoisse », répond-il. Pour limiter celle-ci, il nous faut par conséquent donner un sens à l’inexpliqué. Croire en sa bonne étoile est nettement plus rassurant que de vivre dans un monde où tout – le meilleur et, surtout, le pire – peut survenir sans raison. Devant l’insondable mystère de notre condition humaine, nous ne cessons d’avoir besoin de croire au miracle, comme le disait le psychiatre Carl Gustav Jung, pour nourrir notre désir de vivre.
La notion de chance contient de nombreuses interprétations. Comment définiriez-vous la chance ? Que pensez-vous de l’affirmation du philosophe Elsa Godart « La chance, c’est aussi un regard sur le monde. Nous contribuons à la faire advenir en cultivant notre capacité d’émerveillement» ? Vos points de vue nous intéressent !
Photo © Fotolia – Auteur : Sonja Calovini
charlotte4575, 04.07.2019