Faut-il s’aimer soi-même pour aimer l’autre ?

Faut-il s’aimer soi-même pour aimer l’autre ?

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À 20 ans, on aime souvent pour se construire. À 30 ou 40 ans, on aime pour fonder, bâtir, transmettre. Et après 50 ans ? L’amour prend une autre dimension. On le cherche plus vrai, plus apaisé, plus complice. Mais cette quête soulève une interrogation universelle : peut-on vraiment aimer l’autre si l’on ne s’aime pas soi-même ? Beaucoup d’entre nous ont connu des histoires fortes, des épreuves, parfois des déceptions. Certains sortent d’une longue relation, d’autres découvrent à nouveau la solitude. Dans ce contexte, se poser la question de l’amour de soi n’a rien d’un luxe : c’est une étape essentielle pour mieux accueillir une nouvelle histoire. Alors, faut-il s’aimer pour aimer ? Pas forcément « d’abord », mais assurément « aussi ».

 

L’amour de soi, un socle pour l’amour des autres 

Aimer quelqu’un, c’est s’ouvrir. C’est offrir à l’autre une partie de soi : son attention, sa tendresse, ses émotions, ses vulnérabilités. Or, pour offrir tout cela, encore faut-il se sentir digne d’être aimé. Si l’on doute sans cesse de sa valeur, si l’on se juge sévèrement, si l’on porte le poids de regrets ou de blessures du passé, il devient difficile de s’abandonner pleinement à la relation. S’aimer soi-même, ce n’est pas de l’égoïsme. C’est au contraire une forme de bienveillance envers sa propre histoire. C’est reconnaître ce qu’on a traversé, les forces qu’on a développées, les cicatrices qu’on porte. C’est dire : « J’ai fait ce que j’ai pu, avec ce que j’étais. Et aujourd’hui, je mérite d’être heureux(se). » Quand on parvient à cette acceptation, on devient naturellement plus confiant et plus disponible pour l’autre. L’amour n’est alors plus une quête de réparation, mais une rencontre entre deux êtres stables.

 

Le piège de la dépendance affective 

Beaucoup de relations échouent non pas faute de sentiments, mais à cause d’un déséquilibre : la dépendance affective. On attend de l’autre qu’il comble nos manques, qu’il nous rassure, qu’il nous prouve qu’on vaut quelque chose. Mais nul ne peut porter ce rôle sans s’épuiser. L’amour ne peut pas guérir un désamour de soi. Lorsque l’on s’aime peu, on risque d’accepter trop, de craindre trop, ou de demander trop. On vit la relation comme une bouée, non comme un choix libre. Or, l’amour après 50 ans n’a plus besoin de drames : il cherche la justesse, pas la fusion. Aimer, c’est aussi apprendre à s’aimer à travers l’autre. Cela dit, il serait injuste de croire qu’il faut atteindre une forme de perfection avant de pouvoir aimer. L’amour n’est pas réservé à ceux qui se sentent parfaitement bien dans leur peau — sinon, qui pourrait aimer ? En réalité, aimer l’autre peut aussi nous aider à mieux nous aimer nous-mêmes. Quand quelqu’un nous regarde avec tendresse, qu’il valorise ce que nous croyons ordinaire, il nous offre un miroir apaisant. Il nous apprend à voir nos qualités, nos richesses, notre humanité. Dans une relation équilibrée, on grandit à deux. L’amour devient un échange d’encouragements, de confiance, de reconnaissance mutuelle. On ne cherche plus à combler un manque, mais à s’élever ensemble.

 

Après 50 ans : le temps de la réconciliation 

Passé un certain âge, beaucoup redécouvrent le plaisir de penser à soi. Les enfants sont grands, la carrière souvent derrière soi, et le temps semble enfin appartenir un peu plus à la vie personnelle. C’est souvent à ce moment-là que l’on prend conscience de ce qu’on a longtemps mis de côté : ses envies, ses rêves, son bien-être. S’aimer soi-même, après 50 ans, c’est parfois une réconciliation avec la personne qu’on a été. C’est accepter son corps tel qu’il est devenu, avec sa sagesse et ses traces de vie. C’est retrouver le goût de plaire, non pas pour séduire à tout prix, mais pour se sentir vivant(e). C’est aussi apprendre à poser des limites : savoir dire non à ce qui ne nous convient plus, à ne pas accepter une relation bancale sous prétexte de ne pas vouloir être seul(e). Parce qu’aimer, à cet âge, c’est aussi se respecter.

 

Le bon équilibre : s’aimer et aimer 

La vérité, c’est que l’amour de soi et l’amour de l’autre ne s’opposent pas : ils se nourrissent l’un l’autre. Quand on s’aime suffisamment, on ne craint pas d’aimer sincèrement. Et quand on aime sincèrement, on découvre souvent en soi une lumière qu’on ignorait. Il ne s’agit donc pas d’attendre d’être « prêt » pour aimer. Mais plutôt de cultiver, jour après jour, une relation bienveillante avec soi-même : se parler avec douceur, se féliciter de ses progrès, se pardonner ses erreurs. Ainsi, quand l’amour frappe à nouveau à la porte — parfois au moment où on s’y attend le moins —, on est capable de l’accueillir sans crainte, sans dépendance, avec une belle sérénité.

 

Que vous évoque ce sujet ? Un manque de bienveillance envers vous-même a t’il déjà “gâché” une relation amoureuse ? Avez-vous constaté une évolution positive au fil des années ? Une histoire d’amour en particulier a-t-elle renforcé l’estime de vous-même ? Vos témoignages nous intéressent ! 

 

Photo © Adobe – Auteur : 4Max 

charlotte4575, 20.11.2025