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En vieillissant, certains traits de personnalité changent, les caractères deviennent de plus en plus rigides. Les personnes âgées sont moins empathiques, semblent plus aigries, dépressives et peuvent même avoir des accès de violence. Le degré d’agressivité peut varier largement d’une personne à l’autre. Ce comportement épuise leur famille comme les professionnels qui prennent soin d’eux. Cette attitude inhabituelle peut cacher différents messages qu’il faut savoir décrypter pour réagir au mieux. Creusons un peu.
Pourquoi un tel changement de caractère ?
Ce changement est la plupart du temps la démonstration d’un problème sous-jacent, physique ou psychologique. Il est également important de rechercher si un événement majeur a pu impacter le caractère de la personne âgée : un changement d’environnement ? le décès d’un proche ? une éventuelle maltraitance ? la perte d’un animal de compagnie ?. Vieillir est une crainte pour de nombreuses personnes, ce qui explique le changement de caractère souvent lié à des peurs comme la peur de l’abandon, la peur de la mort, de la maladie, etc. Toute forme d’agressivité envoie tout simplement un message d’alerte à leur famille ou aux personnels soignants afin de les faire réagir. Parfois, cette agressivité peut aussi être liée à de vieilles rancœurs, des histoires de famille, d’héritage… qui s’avèrent désormais insupportables pour les seniors. Mais en général cette agressivité est liée à l’altération de leur santé physique ou mentale. La personne se plaint de traitements médicamenteux inappropriés, de ne plus pouvoir assez bien voir pour bricoler ou pire, pour conduire… enfin le développement de la maladie d'Alzheimer, d’un cancer ou d’une autre maladie grave peut rendre ces personnes agressives par désespoir.
L’agressivité et la vulnérabilité sonnent comme une alerte
Plusieurs hypothèses peuvent être à l’origine de la modification brutale de la personnalité : Comme nous l’avons déjà mentionné, il peut s’agir d’une pathologie sous-jacente débutante, en particulier si le caractère difficile apparaît avec d'autres manifestations comme un repli sur soi, une tristesse, un désintérêt, une baisse d'activité non liée à une difficulté physique. Un changement dans l’environnement de la personne, le fait d’intégrer un Ehpad, de se faire hospitaliser et prendre en charge pas une équipe « d’étrangers » qui leur font leur toilette intime…
Selon le degré d’émotivité de la personne âgée, la situation peut devenir insupportable et une non-reconnaissance de leur dignité peut les rendre agressif. Dans de telles circonstances, même personne âgée jusque-là empathique et conviviale, peut devenir agressive en raison des peurs qui la hantent comme celle de l’abandon ou de la maladie. Vieillir est une crainte qui entraîne un profond malaise. C’est la raison pour laquelle les plus fragiles et vulnérables extériorisent sentiments d’injustice et de tristesse face à la dépendance par un comportement agressif.
Comment réagir face à un proche agressif ?
La première chose est de faire preuve de patience. Ne surtout pas leur renvoyer cette agressivité, mais tenter plutôt d’en comprendre les causes. Tenter de réagir par l’humour ou prendre du recul si cela vous semble nécessaire. S’il s’agit d’un problème psychologique, essayez de communiquer pour savoir si cela est lié à un phénomène ponctuel, une peur, etc. Si, en revanche, rien n’indique que cette agressivité soit liée à un facteur psychologique, un médecin pourra effectuer des tests plus avancés pour déceler une éventuelle maladie. De nombreux témoignages de proches concernés par la « gestion » d’une personne âgée abondent sur Internet. Par exemple, une femme subit depuis deux ans l'agressivité de sa mère de 83 ans : « Elle a voulu quitter la maison de retraite, où elle était bien, pour s'installer dans un appartement proche de chez moi, confie-t-elle. Mais elle devient, au fil du temps, très méchante à mon égard, racontant à tous les amis communs que je ne suis pas aussi gentille qu'ils le croient, que je l'ai forcée à partir pour pouvoir la surveiller. Je n'en peux plus.» Les accompagnants ou aides-soignants doivent eux aussi affronter toutes sortes de plaintes incessantes, de crises d'autoritarisme, de méfiance et d’agressivité. D’ailleurs les comportements pénibles de ces personnes âgées difficiles ont amené une terminologie spécifique dans le domaine : C'est le syndrome de "Tatie Danielle"...
Le syndrome de « glissement »
Une personne âgée qui refuse violemment les soins présente peut-être le syndrome de glissement, décrit pour la première fois en 1956 par le gériatre Jean Carrié. La personne autrefois autonome n’a plus goût à rien. Elle ne veut plus se laver, se lever, manger. Ce syndrome de glissement engendre une situation particulièrement difficile à vivre pour les proches, qui se sentent impuissants, et pour les soignants. Selon un autre gériatre, Yves Delomier, « un tel syndrome marque un état de grande déstabilisation somatique et psychique d’évolution gravissime, une décompensation aiguë (infectieuse, traumatique, vasculaire, chirurgicale, choc physique, etc.) qui fait suite à un facteur déclenchant physique ou psychique » Le Covid-19, maladie fragilisante en elle-même et ayant qui plus est imposé des mesures de confinement a dû être vécue de la part des personnes âgées comme un réel abandon familial.
Que vous inspire ce triste sujet ? Certains d’entre vous se sentent-ils concernés ? Ou connaissez-vous un parent devenu agressif avec lequel il est très difficile de trouver le comportement adapté ? Quelle est, selon vous, l’attitude à adopter face à une personne agressive ?
Une pensée toute particulière pour ces personnes seules et en souffrance !
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Betty_Nelly, 27.08.2020