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La phytothérapie, ou l’art de se soigner par les plantes est une science ancestrale pratiquée encore aujourd’hui par une grande partie de la population mondiale. Si elle a entamé un déclin dans nos sociétés occidentales à partir du XIXème siècle avec l’avènement des médicaments de synthèse, la pharmacopée végétale connaît un regain d’intérêt et envahit les étals de nos pharmacies, que ce soit sous forme de tisanes, de gélules, d’huiles essentielles ou d’ampoules. Essayons de décrypter cette science qui nous paraît parfois obscure !
Origines et évolution de la phytothérapie
La phytothérapie est une science de nature empirique ancestrale. On suppose qu'elle était déjà utile à nos ancêtres à l'aube de l'humanité. Une étude publiée par la revue Naturwissenschaften tend à prouver que l’homme de Néandertal utilisait non seulement les plantes à des fins comestibles mais aussi médicinales ! Des tablettes d’argile datant de – 3000 av. J.C., retrouvées en Mésopotamie, constituent la première référence écrite à la phytothérapie. Gravées par des Sumériens, elles nous renseignent sur l’usage curatif qu’ils faisaient par exemple du thym, du saule, du myrte ou du chanvre. Mais c’est l’ouvrage De Materia Medica, au premier siècle après J.C. du médecin grec Dioscoride, qui demeure l’une des principales références en Europe jusqu’à la fin du XVIIe siècle. Traduit dans plusieurs langues, il recense environ 600 plantes ainsi que leur indication thérapeutique. La pharmacopée européenne connaît un développement important à partir du XVe siècle, grâce à l’invention de l’imprimerie qui permet la diffusion de nombreux herbiers. Les savoirs médicinaux ne se transmettent plus uniquement oralement.
Les avancées en physique et chimie au XIXe siècle vont faire évoluer radicalement la pharmacopée. Les scientifiques commencent à extraire les principes actifs de certains végétaux et parviennent à identifier des molécules encore utilisées de nos jours comme la morphine ou la codéine issues du pavot, la théobromine du cacao ou la quinine extraite de l’écorce de quinquina pour traiter les crises de paludisme.
La phytothérapie connaît un déclin au fur et à mesure du développement des médicaments de synthèse et de la découverte de médicaments phares tels que les antibiotiques. Reléguée au rang de « remède de grand-mère » pendant un long moment, plusieurs facteurs expliquent qu’elle soit revenue en force. Elle propose d’une part des substances permettant de soigner les principaux maux de nos sociétés modernes, tels que le stress, l’insomnie ou l’obésité. Elle répond d’autre part aux risques et effets secondaires engendrés par certains médicaments de synthèse. Elle s’inscrit enfin dans la prise de conscience écologique actuelle et dans une recherche évidente d’un retour à la nature.
La phytothérapie, principes et prescription
Contrairement à un médicament de synthèse formé d’un seul composant actif, la plante est un être vivant qui renferme un ensemble de constituants actifs agissant en harmonie. C’est ce qui la rend si efficace d’un point de vue thérapeutique. La pharmacopée française a recensé près de 550 plantes aux vertus médicinales. Parmi les plantes les plus plébiscitées, on peut citer : la canneberge pour soulager l’infection urinaire, la menthe poivrée pour la migraine, la valériane pour l'insomnie, l’artichaut pour la digestion, le romarin en inhalation pour le rhume. La phytothérapie moderne repose sur un usage scientifique des plantes. Les extraits actifs des plantes sont exploités puis commercialisés. Ces phytomédicaments font au préalable l’objet d’une autorisation de mise sur le marché. Les plantes sont aujourd’hui surtout prescrites par les médecins pour atténuer les effets secondaires de certains traitements chimiques, comme dans le cas de cancers par exemple. D’autre part, elles sont souvent utilisées comme compléments des traitements conventionnels car on a noté en France une recrudescence d’hospitalisations due à de mauvaises interactions médicamenteuses. Elles permettent ainsi de réduire une consommation excessive de médicaments.
La phytothérapie : une science à manier avec précaution
La pratique des plantes à usage thérapeutique a été reconnue par l'état dans les années 1980. Mais son utilisation reste souvent obscure pour les non-initiés et la consommation de plantes n’est pas sans risques car leurs actifs peuvent être très puissants et parfois même toxiques. L’aubépine par exemple peut engendrer des palpitations, des maux de tête ou des troubles intestinaux alors que la camomille est déconseillée aux asthmatiques allergiques au pollen. Les traitements à base de plantes doivent de même être utilisés avec précaution par la femme enceinte et les jeunes enfants. L’agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé alerte aussi des dangers de l’interaction entre certaines plantes et médicaments. Les extraits de feuilles de Ginkgo, par exemple, peuvent augmenter l’effet de certains traitements anticoagulants.
Les progrès de la science vont permettre à la phytothérapie d’évoluer encore. Son caractère naturel rassure et convainc de plus en plus de gens. On estime aujourd’hui que la moitié des Français utilise cette pratique.
Et vous, avez-vous régulièrement recours aux plantes pour soigner les petits maux du quotidien ou des pathologies plus lourdes. Etes-vous convaincus de leurs effets ou vous laissent-ils plutôt sceptiques ?
Photo © Fotolia – Auteur : pat_hastings
charlotte4575, 08.08.2019