Les seniors au volant

Les seniors au volant

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Souvent pointés du doigt au moment d'un accident, les seniors sont fréquemment considérés comme étant dangereux sur la route. Cette affirmation est-t-elle vraie ?  Les seniors se mettent-ils eux-mêmes en danger ? Existe-t-il une remise à niveau de conduite pour valider les acquis des personnes âgées ? A travers cet article, nous tenterons de répondre à ces questions. 

 

Les seniors sont-ils stigmatisés au volant ?

Depuis des années, plusieurs débats demandent l'instauration d'un contrôle plus accru des facultés de conduite des seniors. Certains accidents médiatisés surviennent de temps en temps et relancent la polémique. Mais les seniors sont-ils réellement plus dangereux sur la route que le reste de la population ? A en croire les statistiques de la Sécurité Routière, rien n'est plus faux. Parmi toutes les tranches d'âges évaluées, les 50-64 ans sont même ceux qui provoquent le moins d'accidents comparés à d'autres adultes. En 2017, les plus de 65 ans n'ont été responsables que de 16,9% des accidents de la route, soit le ratio le plus faible parmi toutes les personnes majeures détentrices du permis de conduire. Comparativement, les 25-34 ans causent plus de 22% des accidents même si ces pourcentages restent assez proches d'une tranche d'âge à une autre. On considère souvent que ce taux d'accidents moins élevé chez les seniors est dû à une auto-censure de leur part. En ressentant un certain déclin de leur forme générale, ils s'interdisent par exemple de conduire la nuit ou limitent leurs déplacements quand le temps n'est pas propice à une conduite sûre. La société reste toutefois divisée sur une interdiction de la conduite à partir d'un certain âge, même s'il a été prouvé que les causes d'accidents les plus courantes concernent l'usage d'alcool et l'assoupissement. Pour autant, il ne faut pas minimiser les dangers qui apparaissent avec l'âge.

 

Quels dangers pour les seniors au volant ?

On le sait, plus on avance en âge, plus les risques de déclin du corps et de l'esprit sont élevés. Certaines maladies en partie liées à l'âge comme le diabète ou l'épilepsie sont totalement contre-indiquées pour une pratique de la conduite en toute sécurité. Les seniors sont aussi plus nombreux à prendre certains médicaments dont les effets secondaires, comme la somnolence, augmentent les risques d'accidents. Avec l'âge, les capacités de mobilité du corps tendent également à se réduire, entraînant des réflexes plus longs et une baisse de la vision. Toutefois, l'âge ne peut être un critère objectif pour fixer une diminution ou une interdiction de la conduite car il s'agit d'une limite subjective. La maladie peut toucher une personne de 55 ans et en épargner une autre de 85 ans. Aux alentours de 70 ans, certains seniors sont même en pleine possession de leurs moyens.

De nombreuses personnes perçoivent l'interdiction de conduire pour les personnes âgées comme une mesure discriminatoire qui pourrait aussi entraîner l'effet inverse. Certains seniors pourraient retarder le plus possible leur contrôle par peur de se voir retirer le permis. Une telle décision entraîne de facto une perte considérable d'autonomie. De même, d'autres pourraient ressentir une perte de confiance en soi les poussant à arrêter de conduire alors que leurs capacités motrices les rendent parfaitement aptes.

 

Comment faire une remise à niveau ?

Depuis quelques années, les seniors peuvent bénéficier de stages de remise à niveau pour le code et la conduite. Ces stages sont souvent proposés par les services de gériatrie des hôpitaux, les mutuelles et les caisses de retraite et peuvent être pris en charge. Ils permettent aux personnes âgées de revoir les règles du code de la route et de prendre des habitudes qu'ils n'ont jamais pu acquérir au moment où ils ont passé leur permis de conduire. Ces stages n'ont aucun caractère contraignant : ils sont suivis à l'initiative des seniors eux-mêmes qui sont désireux de se remettre à niveau. Ils n'ont également aucun impact sur la possession du permis de conduire. Ils permettent surtout de rassurer les personnes âgées et de détecter un problème de santé éventuel qui pourrait devenir dangereux à long terme. Des médecins sont d'ailleurs présents pour conseiller d'autres solutions en cas de maladie. Mais quand les seniors sont en pleine possession de leurs moyens, la décision de conduire ou non reste entre leurs mains.

Si des retraités sont déclarés inaptes à la conduite, des formules alternatives sont proposées pour éviter la perte d'autonomie. Ils sont invités à essayer d'autres moyens de transport autonomes comme le vélo, les tricycles, les scooters électriques ou encore les draisiennes. Par ailleurs il existe certaines initiatives dans les milieux hospitaliers. A l'hôpital Broca à Paris par exemple, les personnes qui le désirent peuvent faire, au terme d'un bilan « Fragilité » ou d'un « Examen Gériatrique Standardisé » qui fait le point sur les maladies, les traitements, les capacités cognitives, les capacités fonctionnelles, la vision et l'audition, un bilan de leur conduite automobile : connaissance des nouveautés du code de la route et conduite aux côtés d’un moniteur d'auto-école. Au terme de cette expérience, le médecin et le moniteur donnent leur appréciation : oui, vous pouvez conduire en toute sécurité ou non, il vaut mieux envisager d'autres solutions.

Ne plus conduire (qui est parfois justifié et nécessaire dans certains cas) ne doit pas empêcher les personnes qui le souhaitent de sortir de chez elles. Cela est capital pour qu’elles puissent garder leur autonomie.

 

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Photo © Fotolia – Auteur : Jacob Lund

Betty_Nelly, 11.04.2019