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Encensée à l'Antiquité, boudée à la Renaissance, l'hygiène, et à travers elle la propreté, fut tour à tour considérée comme une vertu ou comme un vice. Du simple débarbouillage au grand bain, elle fait aujourd'hui partie intégrante de nos habitudes de vie.
De l'Antiquité au Moyen Âge
Les Grecs et les Romains de l'Antiquité étaient de grands amateurs de bains et autres rituels de propreté. Pour eux, l'hygiène possédait un sens purificateur, mais elle évoquait également la volupté. Ils n'étaient pas les seuls à mêler à l'hygiène la purification (au sens religieux) et le plaisir, puisqu'à cette même époque, ces coutumes se retrouvaient jusqu'en Orient avec les rituels des bains turcs et des hammams. Les Romains passaient jusqu'à deux heures par jour aux thermes publics, dans lesquels ils se rendaient tout autant pour se laver que pour rencontrer leurs relations personnelles et professionnelles. Les thermes étaient gratuits et ouverts à tous les habitants de Rome, sans distinction de niveau social. Si les thermes romains ont marqué les esprits et traversé les siècles, les thermes grecs n'avaient rien à leur envier. Il s'agissait de bâtiments splendides où l'on pouvait tout à la fois se laver, se relaxer, pratiquer une activité sportive, se restaurer ou même philosopher. L'hygiène était donc très répandue à l'Antiquité, mais son déclin n'allait pas tarder à s'amorcer. Le Moyen Âge n'était pas une époque dépourvue d'hygiène, contrairement à ce que beaucoup de personnes imaginent. Si le bain y était moins fréquent qu'à l'époque romaine, les populations se lavaient tout de même régulièrement. Les plus riches allaient aux étuves, tandis que les populations les moins aisées se débrouillaient avec les moyens du bord, en se lavant par exemple dans la rivière. Des bains publics ouvrirent partout et rencontrèrent un grand succès. Ce n'est finalement qu'à la Renaissance que l'hygiène marqua un très net recul.
De la Renaissance à la Révolution française
Les bains publics, victimes de leur succès, ont contribué ironiquement à rendre l'hygiène de moins en moins populaire, en devenant progressivement des lieux de débauche qu'il valait mieux éviter. La peste et la syphilis, deux maladies contagieuses, achèveront de détourner les populations des bains publics, et plus encore, de l'hygiène. À cette époque, la perception du corps et de l'intimité évolue : le corps devient tabou, on évite de s'y attarder ou de le montrer. De plus, la syphilis et la peste se propagent rapidement. Comme beaucoup de personnes pensaient que l'eau favorisait la contagion, on comprend mieux pourquoi elles fuyaient les ablutions. Les populations optèrent donc progressivement pour la toilette sèche, qui consistait à se frotter le visage et les mains avec un linge. Au même moment, et ce n'est sans doute pas un hasard, les produits de type parfums, poudres ou pommades, qui avaient l'avantage de masquer les odeurs, connurent un grand succès. La situation s'inverse peu à peu à partir du début du 18e siècle, notamment grâce aux avancées en matière d'urbanisme et de sciences.
Du 19e siècle à nos jours
Le 19e siècle marque un véritable renouveau pour l'hygiène. Création de fosses septiques, évacuation des eaux usées, mais également apparition des toilettes sont autant d'étapes qui vont améliorer l'hygiène des populations. Mais il restait encore un long chemin à parcourir, car en 1850, les Français prenaient à peine un bain tous les deux ans ! De son côté, la science avance à pas de géant dans ses découvertes sur les bactéries et les infections, mais aussi sur les méthodes pour s'en protéger, dont l'hygiène corporelle. Celle-ci redevient alors une préoccupation importante et les comportements se modifient : toilette quotidienne à l'eau et au savon, mais aussi lavage des mains régulier entrent dans les habitudes des gens. La salle de bain personnelle ne tardera d'ailleurs pas à faire son apparition. La notion même d'hygiène évolue à cette époque, jusqu'à devenir, lentement mais sûrement, celle que l'on connaît aujourd'hui. L'amélioration progressive de l'hygiène a eu des effets bénéfiques sur les populations : moins de maladies contagieuses, mais surtout, un allongement de l'espérance de vie. Selon les époques, les manières de procéder et le sens donné à chaque geste ont beaucoup évolué. Il ne fait aucun doute qu'avec les progrès à venir (urbanisme, sciences, etc.), les générations futures auront une notion de l'hygiène bien différente de la nôtre.
Et vous, quelle est votre conception de l´hygiène ?
Photo © Fotalia – Auteur : racamani
charlotte4575, 24.05.2016